Photographies en noir blanc,
sur des quartiers HLM en Bretagne
Nelly Kerfanto a d’abord réalisé une série de photographies en noir et blanc sur le quartier de Maurepas à Rennes (Mémoires de Femmes, Histoires de familles). Ensuite sur le quartier Du point du jour et Waron à Saint Brieuc (Gens d’ici). De surcroît Nelly a continué avec les habitants des Coteaux de la Maltière de Saint-Jacques de La Lande. Cette exploration en images des habitants HLM, en Bretagne est archivée dans le corpus « Empreintes bretonnes ». L’archive correspond à une volonté de collecter, conserver et transmettre ces images “ordinaires” qui sont une mémoire d’une région et de ses habitant.e.s.
Enfin certaines images ont été exposées sur des panneaux devant des commerces du quartier, pour une plus grande visibilité par les habitant.e.s. Les gens s’arrêtaient autour pour parler, laissant place notamment à une vie de village ! Finalement une partie de ce travail a été publiée dans un catalogue paru en 1994 : Mémoires d’H.L.M.
Quartier de Maurepas, Rennes - 1994
Mémoire de quartier, histoires d'habitant.e.s
Comme trace du réel, l’image ne reflète pourtant pas la réalité, mais une réalité. Elle multiplie les détails et prolonge l’instant. La photographie se révèle un outil d’exploration et de narration multiple.
De plus , Il est plus facile de donner une unité esthétique à un travail en noir et blanc.
Ces scènes de vie en noir et blanc d’habitant.e.s dans leur logement ont été glanées sur plusieurs années. Beaucoup de femmes, souvent rennaises, parfois sur plusieurs générations.
Chaque photographie tient avant tout dans le plaisir de la rencontre. Les objets du décor racontent aussi une histoire.
Tranches de vies
Le regard des autres, comme un miroir différent où se mêlent moments et sentiments. Drôles ou tristes, frêles ou forts, il y a des gens qui ont le visage si familier qu’on entre chez eux sans frapper. Des couloirs où patientent les épouses prises au piège des enfants, mais sages, se consolent avec leur refrain. Et voilà, formidable vieillard superbe de chagrin, la solitude des vieux amants ou l’autre est parti ; et l’on se demande encore qui attend l’autre.
Photographie et culture
Les photographies de Nelly nous montrent une culture en quelque sorte inachevée, ou mutilée : la reine télé, mais pratiquement pas de livres, l’art bibelot, mais si peu individualisé que deux horloges murales se révèlent identiques, au cadran près. Elles nous montrent que les auteurs sont plus souvent Maxwell (le café), Kanterbräu et Mixa bébé que Malraux, Beethoven ou Monet.
En un mot la force qui anime l’artiste, la volonté qu’on sent pesée, réfléchie, de rompre l’anonymat de la grande ville, avec la photographie. Son travail est, au plus noble du sens du mot, un travail engagé. Son engagement, elle le doit à son amour de la vie, à son sens de la relation également.
Habitant.e.s et habitats
«
Miroirs du cœur, miroir de l’âme, le regard que Nelly Kerfanto porte sur les êtres se pare toujours de la chaleur d’une affection. Elle les photographie avec intelligence, sensibilité, pudeur. Au travers d’un miroir, pour garder ses distances et dévoiler dans le même temps l’envers du décor, les coulisses de la scène.